mardi, 13 avril 2010
La vérité se faufile
"Le roman met tout sur le même plan. C’est sa fonction. Sa grandeur. Sa froideur. Sa chaleur. Il faut qu’on voie tout ensemble, les contradictions les plus prononcées. La vie est impossible. L’impossible devient possible. L’insensé sensé. La vérité se faufile.”
Ph Sollers, Grand beau temps.
Véronèse, Judith et Holopherne
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mercredi, 07 avril 2010
La langue qu'ils habitent vient de plus loin qu'eux et les traverse physiquement pour les dévoiler sans qu'ils s'en doutent.
"De la même manière, vous ne parviendrez pas à faire admettre à des subjectivités de plus en plus façonnées par le modèle de la communication répétitive et instantanée, que la langue qu'ils habitent vient de plus loin qu'eux et les traverse physiquement pour les dévoiler sans qu'ils s'en doutent. »
Philippe Sollers
De Chirico, 1914
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jeudi, 18 mars 2010
Une deuxième Révolution a eu lieu en France
« Une deuxième Révolution a eu lieu en France, plus fondamentale que la première, dans le dernier tiers du dix-neuvième siècle. Elle a porté sur les racines mêmes de ce qu'on appelle communément penser, dire, percevoir, représenter, se souvenir, sentir. En peinture, au-delà du surgissement héroïque de l'Impressionnisme (qui continue à culpabiliser la Banque), cette révolution a un nom : Cézanne. En poésie : Rimbaud. On rapproche ici, pour la première fois, ces deux expériences ayant engendré tour à tour le rejet, l'incompréhension, la fascination, l'appropriation, la spéculation. Sous le béton des cultes, les forêts de la liberté ; sous le pavé des thèses, l'évidence. Même si on essaie de la recouvrir sous des flots d'argent ou de tourisme "culturel", une vraie révolution persiste. L'art "moderne" se dissout dans l'affairement spectaculaire ? La Montagne Sainte-Victoire ou Les Illuminations sont là. Que signifie donc cette subversion en couleurs ? Dans quelles dimensions prennent place ces portraits, ces paysages, ces Baigneuses, vers quelle Présence cet espace jamais vu fait-il signe ? Qu'est-ce qu'un Cézanne ? Quel est son Temps ? »
Philippe Sollers, Le Paradis de Cézanne
Cézanne, Pommes, pêches et poires, 1880
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vendredi, 05 mars 2010
Discours parfait, de Philippe Sollers
Suite de "La Guerre du goût" et de "Eloge de l'infini", "Discours parfait" est un ensemble de textes critiques, entretiens et contributions diverses, puisés dans L'Infini, Le Nouvel Observateur, Lignes de risque et autres publications. On y trouve également le texte intégral de "Fleurs" paru en 2006 aux éditions Herman. Les lecteurs habituels de Sollers ne s'étonneront pas d'y croiser les figures tutélaires de Rimbaud, Nietzsche, Voltaire, Heidegger, Dante, Saint-Simon, Proust, Stendhal, Bataille, Céline, etc. Le principal intérêt est de voir réunis en un seul livre (912 pages) toutes ces contributions éparpillées. Quant aux autres, ce livre sera peut-être une clé d'entrée dans ces univers multiples. Livre très riche donc, j'en sortirai entre autres perles, celle-ci : "Jean Beaufret, le traducteur, enfin l'ami de Heidegger, est en analyse chez Lacan et il est agacé parce que Lacan se tait. Mais là, un jour, Beaufret a une astuce, il tend un piège à Lacan et lui dit : "Tiens, j'étais avant-hier à Fribourg, et Heidegger m'a parlé de vous." Et Lacan saute dans son fauteuil et dit : "Ah oui ! Qu'est-ce qu'il vous a dit ?". On retiendra aussi le fameux vers de Hölderlin que Heidegger aimait citer : "Là où le péril croît, croît aussi ce qui sauve."
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vendredi, 05 février 2010
ça Chamfort !
Etrange et secret Chamfort dans des temps sanglants d'une folie sombre. « La pensée console de tout et remédie à tout. Si quelquefois elle vous fait du mal, demandez-lui le remède du mal qu'elle vous fait, elle vous le donnera. » C'est au sujet de ce libre penseur, en tout cas, que Voltaire a écrit ce blasphème salubre : « La nation n'est sortie de la barbarie que parce qu'il s'est trouvé trois ou quatre personnes à qui la nature avait donné du génie et du goût, qu'elle refusait à tout le reste. » Français, encore un effort...
Ph Sollers
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jeudi, 04 février 2010
Clandestinité
"Je crois effectivement que le travail fondamental de l'écrivain ne peut plus se faire autrement que dans la clandestinité, malgré d'ailleurs une apparence soit tout à fait convenable, soit tout à fait trompeuse. Cette séparation radicale entre le paraître et la réalité n'a sans doute jamais été aussi grande. Cela vient du fait que, désormais, la société contrôle tout et se raconte à elle-même dans des séries d'images. J'ai une grande habitude d'être pris pour quelqu'un d'autre. Je suis aussi habitué à ce qu'on ne lise pas du tout ce que j'écris. J'en retire à la fois un sentiment d'impunité et de liberté très grande. Je peux vivre selon l'image qu'on a de moi et poursuivre dans le même temps des activités tout autres..."
Philippe Sollers
Photo : Le Genou de Claire
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dimanche, 31 janvier 2010
L’impression de vivre en haute mer
"J'ai toujours eu l’impression de vivre en haute mer, menacé, au cœur d'un bonheur royal." : Albert Camus ; à lire ici dans le Journal du Mois de Ph. Sollers, et aussi, à propos de Sarko : "Le directeur est un peu étriqué, appliqué, mais proche de ses employés angoissés, réunis à la cafétéria du comité d'entreprise."
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dimanche, 10 janvier 2010
Le contraire
« La règle générale est de raconter des amours impossibles, des impasses, des drames, des récriminations, des échecs, et moi je fais le contraire. »
Philippe Sollers, Passion fixe
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mardi, 29 décembre 2009
La main qui écrit
A la longue, la main qui écrit vient d'un autre corps qui enveloppe et comprend le corps, ses déplacements, sa flexibilité, ses respirations, ses courbures, ses oublis, ses ondes, sa buée d'ondes. La durée, comme un orage, est mise à distance.
Philippe Sollers, Le secret
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lundi, 28 décembre 2009
Le règne de Sarkozy est-il en danger? Oui, si Carla Bruni devient franchement démodée
02:39 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers, sarkozy, journal du mois
jeudi, 24 décembre 2009
L’Italie tout entière médite
"Il faudrait pouvoir tout oublier, les églises, les controverses, les films, les images, les passions, les crimes, l’histoire millénaire, et. à la limite le christianisme lui-même, pour se mettre une bonne fois devant le cas individuel brut : « Dieu », le Dieu biblique s’entend, s’est-il un jour incarné dans un être humain de sexe masculin, devenant ainsi, par des voies plus que mystérieuses. le Père d’un Fils qui est le Même que lui ?"
Rembrandt. Jesus chasse les marchands du Temple. 1626. Musee des Beaux Arts Moscou.
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samedi, 19 décembre 2009
La Tempête
"Laissez passer les touristes, restez simplement là, devant ce tableau, oubliez tout. Il a lieu maintenant, pour vous, pour vous seul. Il vous parle du temps par-dessus le temps, comme Venise le fait constamment. C’est sa vocation, sa grandeur, son calme. |
Ce tableau est une étoile, un aimant. Je le vois d’ici, à Paris, par-delà le bruit et la fureur de l’histoire. Il fait le vide, il est évident. Il est d’un temps nouveau: le plus-que-présent permanent. J’aimerais le voler, le garder pour moi, dormir près de lui, être le seul à le voir matin et soir. Je voudrais survivre en lui, me dissoudre en lui, haute magie, alchimie. Je devine le passage secret qui l’a rendu possible"
Philippe Sollers
Giorgione
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jeudi, 17 décembre 2009
Roman
« Un romancier est quelqu'un qui a vu, au moins deux fois, quelque chose qu'il ne devait pas voir, et qui en triomphe. C'est tout. »
Philippe Sollers, Grand beau temps
Audrey Hepburn
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mercredi, 16 décembre 2009
Là où la pensée danse, la musique pense
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samedi, 28 novembre 2009
Un dimanche matin sur France Inter
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mercredi, 25 novembre 2009
sa conception du temps n’est pas la nôtre
"Il y a une guerre incessante : celle qui nous saute à la figure à travers le terrorisme déchaîné par la stratégie directe. Et une guerre plus secrète qui se mène sans cesse, pas seulement économique, et dont les Chinois sont en train de tirer la plupart des fils. Si l’adversaire est unilatéral, je vais faire du multilatéralisme ; comme l’adversaire est capitaliste, je vais devenir encore plus capitaliste. Pratiquer la défensive stratégique, utiliser la force de l’adversaire pour la retourner en ma faveur. Le Chinois s’appuie d’instinct sur la compréhension interne de ce que l’adversaire ose, veut, calcule et est obligé de faire. Il mène une guerre défensive qui peut durer une éternité : sa conception du temps n’est pas la nôtre. Cette guerre peut se prolonger indéfiniment pour user l’adversaire. Elle ne cherche pas l’anéantissement, mais la domination."
Philippe Sollers, Guerres secrètes, Editions Carnets Nord, 2007
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dimanche, 22 novembre 2009
Le Maître est énorme et nu
« Car l’Adversaire est inquiet. Ses réseaux de renseignement sont mauvais, sa police débordée, ses agents corrompus, ses amis peu sûrs, ses espions souvent retournés, ses femmes infidèles, sa toute-puissance ébranlée par la première guérilla venue. Il dépense des sommes considérables en contrôle, parle sans cesse en termes de calendrier ou d’images, achète tout, investit tout, vend tout, perd tout. Le temps lui file entre les doigts, l’espace est pour lui de moins en moins un refuge. Les mots « siècle » ou « millénaire » perdent leur sens dans sa propagande. Il voudrait bien avoir pour lui cinq ou dix ans, l’Adversaire, alors qu’il ne voit pas plus loin que le mois suivant. On pourrait dire ici, comme dans la Chine des Royaumes combattants, que « même les comédiens de Ts’in servent d’observateurs à Houei Ngan ». Le Maître est énorme et nu, sa carapace est sensible au plus petit coup d’épingle, c’est un Goliath à la merci du moindre frondeur, un Cyclope qui ne sait toujours pas qui s’appelle Personne, un Big Brother dont les caméras n’enregistrent que ses propres fantasmes, un Pavlov dont le chien n’obéit qu’une fois sur deux. Il calcule et communique beaucoup pour ne rien dire, l’Adversaire, il tourne en rond, il s’énerve, il ne comprend pas comment le langage a pu le déserter à ce point, il multiplie les informations, oublie ses rêves, fabrique des films barbants à la chaîne, s’endort devant ses films, croit toujours dur comme fer que l’argent, le sexe et la drogue mènent le monde, sent pourtant le sol se dérober sous ses pieds, est pris de vertige, en vient secrètement à préférer mourir. »
Philippe Sollers, Eloge de l’Infini. Janvier 2001
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mercredi, 18 novembre 2009
Les deux !
L’art baroque — peinture et musique — qu’il faudrait d’ailleurs appeler l’art catholique, passe volontiers, on le sait, du sacré au profane sans contradiction : « Le plus souvent, on feint hypocritement de s’étonner d’un paradoxe irritant : Vierge Marie d’un côté ; prolifération voluptueuse de l’autre. Remarque de bon sens, donc de très courte vue. C’est précisément à cause de l’Une qu’on obtient les autres. Titien ou Rubens auraient trouvé dépourvu de sens qu’on leur demande de choisir, de se limiter, de s’en tenir à la Vierge ou à Vénus. Les deux, chers puritains, les deux ! » (Philippe Sollers, Eloge de l’infini).
Photo : Louise Brooks
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mercredi, 04 novembre 2009
Le roman et le temps
"Il n'y a que lui, le roman, pour l'affirmer, le temps, le retourner, le transformer, le retrouver, le faire respirer sous nos yeux comme une peau d'étalon de course, l'isoler, l'écouter, le dilater et le contracter, l'accélérer, le freiner, lui, et le cavalier qui l'écrit, qui le lit ; qui écrit et lit sa propre vie comme elle est vraiment."
Philippe Sollers, Grand beau temps
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vendredi, 30 octobre 2009
Empêchement des affinités électives
"Aujourd’hui, je constate que le programme de la société, qui œuvre à une séparation tyrannique entre les hommes et les femmes pour que chacun reste à sa place, est une forme de censure, d’empêchement des affinités électives."
Lire ici une interview de Philippe Sollers par Vincent Roy, parue dans l'Infini n° 108
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